Abolition des commissions scolaires: Beaucoup de frustration aux Îles
Les commissions scolaires sont maintenant abolies, depuis l’adoption sous le bâillon du projet de Loi 40, dans la nuit de vendredi à samedi.
Alors que le projet de Loi de plus de 300 articles prévoyait maintenir les pouvoirs décisionnels des commissaires jusqu’au 29 février, un amendement de dernière minute, déposé vendredi, transforme sans délais le conseil des commissaires en comité consultatif à la direction générale.
La présidente sortante de la Commission scolaire des Îles, Francine Cyr, s’indigne de l’empressement du gouvernement à réformer la structure de fonctionnement du milieu de l’éducation, sans étudier les alternatives que sa fédération proposait pour améliorer le taux de participation aux élections scolaires.
Par exemple, la Fédération des commissions scolaires du Québec suggérait d’implanter un vote électronique, ou de tenir des élections conjointes avec celles des conseils municipaux, ou encore de copier le mode de scrutin des commissions anglophones du Québec qui conservent le droit de tenir des élections, ce que la FCSQ considère d’ailleurs comme une discrimination de la loi envers leurs homologues francophones :
Selon Mme Cyr, sous prétexte d’abolir les élections scolaires qui ne recueillaient qu’à peine 5% de taux de participation au Québec en 2014 mais 19 % aux Îles, soit le plus important dans l’est de la province, le ministre de l’Éducation centralise la prise de décisions en matière d’éducation au détriment des régions, qui n’auront plus d’outils pour faire corriger des directives mur-à-mur, imposées par le ministère, afin de les adapter à leurs réalités particulières :
Elle doute d’ailleurs que les parents auront d’avantage d’influence dans l’éducation de leurs enfants, tel que promis par le ministre Jean-François Roberge, l’automne dernier, pour justifier l’étendue de sa réforme:
La Fédération des comités de parents du Québec se dit prête à collaborer pour l’application de la nouvelle Loi
Réunis en conseil général samedi, la Fédération des comités de parents du Québec, qui a élu le madelinot Jean Cormier à sa vice-présidence, se dit déçue de l’imposition du bâillon par le gouvernement.
Par communiqué, son président Kévin Roy affirme toutefois que la fédération est satisfaite des amendements apportés, qui correspondent à plusieurs de leurs 30 recommandations présentées à la commission parlementaire de novembre dernier.
Les enseignants:
La Fédération des syndicats de l’enseignement de la Centrale des syndicats du Québec s’oppose elle aussi à l’adoption de la Loi 40, qui s’attaque, selon elle, à l’expertise et à l’autonomie du personnel enseignant.
La conseillère de territoire au syndicat des enseignants de la Polyvalente des Îles, Isabelle Lapierre, explique qu’on retrouve dans le projet de Loi, une ingérence dans la pédagogie et dans les conventions collectives des professeurs.
Alors qu’on amorce justement les négociations auprès du Conseil du Trésor, Mme Lapierre s’indigne de l’imposition de 30 heures de formations continues, qui étaient jusqu’ici suivies sur une base volontaire. Elle considère que le ministre Roberge fait preuve de mépris envers la profession enseignante :
Elle critique aussi ce qu’elle considère comme une improvisation du gouvernement, qu’elle accuse de créer un projet de Loi fourre-tout qui peut imposer des pratiques pédagogiques aux professeurs par le biais des conseils d’établissement de chaque école, qui seront dorénavant composés de six parents, de deux enseignants, de deux membres du personnel scolaire non-enseignant dont au moins un provenant du personnel de soutien, en plus d’un citoyen et responsable du service de garde ou un élève:
Le député Joël Arseneau:
De son côté, le député des Îles à l’Assemblée nationale, Joël Arseneau, parle d’un travail bâclé par le ministre de l’Éducation, qui ajoutait encore la semaine dernière, 82 amendements au projet de Loi :
Il critique l’approche autoritaire du gouvernement qui a refusé de scinder le projet de Loi pour abolir les élections scolaires rapidement, tout en laissant le temps d’étudier les autres modifications à la Loi sur l’Instruction publique :
Il s’agit d’un quatrième bâillon en huit mois imposé par le gouvernement Legault.
Le changement de structure de la gouvernance scolaire devrait être compléter d’ici juillet.
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