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COVID-19: L’incertitude autour des marchés préoccupe l’industrie locale du homard

L’accès aux marchés locaux et internationaux pour le homard demeure incertain pour l’ensemble de l’Atlantique et plusieurs industriels et pêcheurs hésitent entre une ouverture hâtive de la pêche, un report ou carrément une annulation de saison.

L’AQIP

Le directeur général de l’Association Québécoise de l’Industrie de la Pêche (AQIP), Jean-Paul Gagné, favorise une ouverture de saison au 9 mai, et même un devancement au 4 mai, conformément à la suggestion d’un industriel lors d’une conférence téléphonique générale, vendredi, avec Pêches et Océans Canada.

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Le directeur-général de l’AQIP, Jean-Paul Gagné

Selon M. Gagné, bien qu’il convienne que les prix de vente seront plus bas en 2020, ils permettraient quand même de dégager une certaine marge bénéficiaire.

Il précise qu’il vaut mieux profiter de l’opportunité de vendre dès que possible, puisque chaque semaine de pêche reportée serait alors perdue :

Il ajoute qu’un accord promotionnel avec 152 magasins d’alimentation, principaux points de vente du produit avec la fermeture forcée du secteur de la restauration, permettrait de profiter de la meilleure période de vente de l’année au Québec, en mai, qui représente plus de 30% des revenus de la saison:

LA Renaissance

Dans l’archipel, la PDG de LA Renaissance des Îles, Lynn Albert, est prudente.

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La PDG de LA Renaissance des Îles, Lynn Albert

Pour l’instant, elle doute d’arriver à vendre le homard à un prix assez élevé pour assurer un retour raisonnable aux pêcheurs, ce qui saboterait à long terme, selon elle, les efforts des dernières années afin de bonifier la valeur du produit :

Quant à la possibilité de profiter du tremplin des ventes de la Fête des Mères au Québec, Mme Albert conserve de sérieux doutes:

Selon elle, sur les 70 à 90 millions de livres de homard printanier pêché dans l’Atlantique, 5 à 6 millions de livres sont vendues au Québec dans l’année, dont 30% entre mai et juin, à partir de la Fête des mères.

Pour l’instant elle affirme que les perspectives de vente du homard vivant ou transformé au Nouveau-Brunswick, aux États-Unis et en Asie sont faibles, mais elle ajoute que tout peut changer très rapidement :

Coopérative Cap-Dauphin

Du côté de la Coopérative Cap-Dauphin, sa directrice générale, Ruth Taker, se dit elle aussi embêtée par l’incertitude des marchés, elle qui exporte une grande partie de son homard vers les États-Unis, avec qui les frontières commerciales sont toutefois toujours ouvertes.

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La directrice-générale de la Coopérative Cap-Dauphin, Ruth Taker crédit photo: Acadie Nouvelles)

Mme Taker affirme qu’elle préférerait, pour l’instant, maintenir la date d’ouverture au 9 mai dans l’archipel.

Elle précise que certains de ses clients donnent des signes d’intérêts pour l’achat de homard durant toutes les semaines de la saison, sans toutefois avoir d’idée précise du prix ou des quantités :

Selon Mme Taker, il existera donc bien une demande pour le homard vivant dans les foyers des États-Unis, malgré la fermeture des restaurants, des croisières et des casinos.

Elle ajoute qu’il faudra de toute façon finir par ouvrir la saison et vendre le homard pour enfin connaître son prix réel, et qu’ultimement, c’est la loi de l’offre et de la demande qui dicte les conditions du marché.

La particularité cette année, c’est qu’on ne dispose de pratiquement aucun indicateur fiable, si près du début de la saison, quant à l’état de la demande :

Poissons Frais des Îles

De son côté, Hélier Vigneau de Poissons frais des Îles, est lui aussi en faveur d’une ouverture le 9 mai aux Îles, en gardant un œil sur les autres zones de pêche de l’Atlantique.

Par exemple, à la demande des pêcheurs du sud de la Gaspésie, leur saison a déjà été repoussée du 30 avril au 9 mai, alors que les pêcheurs de l’Île-du-Prince-Édouard, eux, répondent actuellement à un sondage pour savoir s’ils préfèrent ouvrir leur saison le 6 ou le 13 mai.

M. Vigneau croit que personne ne laissera facilement ses parts de marché à une région concurrente :

Hélier Vigneau est du même avis que Lynn Albert à propos de l’impact d’un prix de vente trop bas en 2020, qui déprécierait la valeur du homard vivant pour plusieurs années à venir.

Selon lui, d’un point de vue strictement commercial, il serait sûrement préférable d’annuler la saison, si les conséquences d’une telle décision n’étaient pas si catastrophiques pour l’économie des Îles dans l’immédiat :

Il se dit lui aussi incapable de confirmer un prix aux pêcheurs avant que la saison commence, et bien qu’il constate certaines ouvertures de la part de ses clients, notamment à l’international, il n’est encore sûr de rien :

Il se dit aussi inquiet de la logistique de transport à bord du traversier de la CTMA, qui pour l’instant, effectue trois voyages par semaine.

Du côté du transporteur, on indique être ouvert à des ajustements d’horaire ou à l’ajout de voyages supplémentaires vers Souris, selon les besoins exprimés et les volumes à transporter.

Fruits de Mer Madeleine

Chez Fruits de Mer Madeleine, son directeur général, Pierre Déraspe, confirme lui aussi une grande incertitude par rapport aux marchés et aux prix.

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Le directeur-général de Fruits de mer Madeleine, Pierre Déraspe

M. Déraspe est d’avis qu’une ouverture, au plus tard le 9 mai, permettrait une plus grande marge de manœuvre en maintenant la saison à 9 semaines de pêche, ce qui augmenterait les chances de faire travailler ses employés sur une assez longue période pour qu’ils se qualifient à l’assurance-emploi :

Il constate une grande fluctuation dans les commandes de ses clients de jour en jour, voire d’heure en heure, ce qui lui fait aussi dire que Fruits de Mer Madeleine pourra certainement écouler du homard cet été, mais il ne peut pas, lui non plus, se prononcer sur le prix qu’il obtiendra de ses clients et pour quelle quantité :

Quant à l’influence d’une baisse du prix du homard en 2020 sur les prix des prochaines années, Pierre Déraspe ne se risque pas à la spéculation.

Il rappelle le caractère volatile des effets de l’offre et de la demande sur la formule de fixation de prix du plan conjoint au cours des dernières années :

L’an dernier, les homardiers madelinots enregistraient des débarquements de plus de 5 300 tonnes (11 millions 820 mille livres), pour une valeur approximative de 78 millions de dollars, selon les chiffres de Pêches et Océans Canada.

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