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Fixation du prix du homard versé à quai pour 2020: Visions diamétralement opposées entre acheteurs et pêcheurs

Les six acheteurs de homard madelinot, par le biais de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, exigent des modifications à la formule de fixation du prix versé à quai pour la saison 2020.

Tout d’abord, l’AQIP souhaite calculer le prix en fonction de la moyenne des ventes pondérées des six acheteurs, plutôt que celles des trois meilleurs, en maintenant la répartition du 75% de la valeur sur les trois premiers dollars du prix de vente aux pêcheurs, et à 90% sur l’excédent.

Son directeur-général, Jean-Paul Gagné, souhaite aussi annuler la référence à une balise témoin susceptible d’amener des ajustements à verser aux pêcheurs en fin de saison, en expliquant que les marges bénéficiaires des acheteurs, qu’il chiffre à 4% avant impôt, n’est plus tenable:

Jean-Paul Gagné précise qu’il y a longtemps que les acheteurs dénoncent cette situation qui profite aux pêcheurs qui reçoivent tous le même prix, alors que toutes les usines ne vendent pas toutes au même prix.

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Le directeur général de l’AQIP, Jean-Paul Gagné

Il se défend de lancer un ultimatum aux pêcheurs ou de profiter de l’incertitude des marchés d’exportation et de la fermeture du secteur de la restauration liées à la Covid-19 pour imposer une diminution de revenus aux pêcheurs madelinots, qu’il juge mieux payés que beaucoup de leurs confrères :

De son côté, le porte-parole de l’Office des pêcheurs de homard des Îles, Claude Régnier, souligne que les difficultés financières qui ont conduit à la fermeture de cinq des 11 acheteurs dans l’archipel au cours des dernières années n’est pas attribuable à la formule de fixation :

L’Office demande le statu quo dans la méthode de fixation du prix en attendant d’en arriver à une nouvelle formule négociée.

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Le porte-parole de l’Office des pêcheurs de homard des Îles, Claude Régnier

L’automne dernier, les deux parties s’entendaient pour revoir la formule de fixation des prix, notamment pour tenir compte des écarts de plus en plus importants entre la balise de référence américaine du Seafood Price current et la réalité du prix reçu par les acheteurs des Îles auprès de leurs clients.

Les scénarios des firmes d’experts ne sont arrivés que lundi dernier.

Claude Régnier estime que la formule proposée par les acheteurs aurait amené une diminution moyenne de 26 sous (¢) la livre aux pêcheurs si elle avait appliquée à la saison 2019.

Il prévient toutefois que la situation des marchés de l’an dernier ne sera certainement pas comparable à celle de 2020 et qu’on ne peut encore présumer de l’impact réel sur le prix versé à quai en ne se basant que sur les modifications proposées par l’AQIP :

Advenant un écart trop important entre le prix provisoire versé à quai et le prix plancher prévu dans la convention de mise en marché, l’Office des pêcheurs pourrait alors demander une nouvelle demande d’arbitrage à la Régie des Marchés agricoles et alimentaires du Québec à la fin de la saison.

L’AQIP dit toutefois devoir maintenir sa position étant donné la situation financière de ses acheteurs aux Îles, qui sont unanimes derrière les exigences déposées selon M. Gagné.

Le directeur de l’AQIP se dit toutefois prêt à écouter les pêcheurs d’ici le début de la saison, prévue pour le 9 mai.

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